ETUDE EPIDEMIOLOGIQUE SUR LES EFFETS RETARDES DE LA POLLUTION


ATMOSPHERIQUE SUR LA SANTE



Isabelle Baldi


Laboratoire Santé Travail Environnement


Institut de Santé Publique d'Epidémiologie et de Développement


Université Victor Segalen Bordeaux 2



L'approche épidémiologique permet d'étudier à partir de l'observation de populations humaines la relation entre la pollution atmosphérique et certains faits de santé et dans certains cas d'en apprécier l'impact sanitaire. Elle offre l'avantage de considérer les conditions réelles d'exposition, de ne pas nécessiter d'extrapolation des résultats de l'homme à l'animal, de permettre d'identifier des groupes à risque (personnes âgées, enfants, malades). Elle permet de quantifier les problèmes de santé liés à la pollution atmosphérique en tenant compte de tiers facteurs tels que le tabagisme, les conditions socio démographiques, les pathologies associées, et constitue un outil d'aide à la décision en Santé Publique.


Justification de l'étude à long terme des effets à long terme de la pollution atmosphérique .


Les données épidémiologiques sur la pollution atmosphérique proviennent essentiellement d'enquêtes d'observation recherchant des effets à court terme (liens entre les niveaux de pollution et la morbidité ou la mortalité dans les jours suivants). En revanche peu de données sont actuellement disponibles à ce jour sur les effets de la pollution atmosphérique sur la mortalité et la morbidité à long terme. Aux Etats Unis, deux études de cohorte prenant en compte les principaux facteurs de confusion (tabac, niveau d'études, âge, ... ) ont mis en évidence un excès de mortalité entre zones à fort niveau de pollution particulaire et zones à faible niveau (de l'ordre de 15%), en particulier pour causes cardiaques et respiratoires. Cette augmentation du risque apparaît supérieure à celle observée dans les études à court terme (de l'ordre de 2 à 3% et pourrait témoigner d'un accroissement de mortalité liée à des pathologies chroniques (cancer pulmonaire, broncho-pneumopathies chroniques).


L'objectif de l'étude PAARC 2 est de déterminer les effets à long terme sur la mortalité (toutes causes, par cancer pulmonaire et par maladie cardio-pulmonaire) de la pollution atmosphérique dans un vaste échantillon de la population française (population adulte de l'enquête PAARC), en tenant compte des caractéristiques individuelles des sujets (tabagisme, exposition professionnelle, état respiratoire).


L'enquête PAARC, initiée en 1975 à la demande du Ministère de l'Environnement français, fournit en effet l'opportunité de réaliser une étude sur les effets retardés de la pollution atmosphérique (5-6). L'objectif initial de PAARC était d'aider à l'établissement de nonnes européennes pour la pollution atmosphérique. Elle portait sur 20310 adultes et 3193 enfants appartenant à des ménages non ouvriers résidant depuis au moins trois années dans 24 zones de pollution contrastée de sept villes françaises (Bordeaux, Lille, Lyon, Mantes, Marseille, Rouen, Toulouse). Les polluants mesurés étaient alors le S02 (méthode spécifique et acidimétrie), les oxydes d'azote, les poussières et fumées noires, selon des relevés quotidiens dans chaque zone pendant une durée de trois ans.


L'étude de mortalité porte sur les 17 802 adultes nés en France. Le statut vital de l'ensemble de ces sujets est en cours de recherche auprès des états-civils de naissance, répartis sur l'ensemble des départements français. Nous ne présenterons ici que des résultats préliminaires qui suggèrent une influence de la pollution atmosphérique sur la mortalité à long terme. Il devront être confirmés par les résultats portant sur l'ensemble des sujets, à l'aide de modélisation statistique de survie prenant en compte le regroupement géographique des ales en zones. Par ailleurs, une étude complémentaire est en cours afin d'apprécier l'évolution de la pollution dans les différentes zones au cours du temps et la mobilité des sujets de l'étude.



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