CHAPITRE III

LA PLANÈTE BLEUE


1 - NAISSANCE ET VIE D'UNE ATMOSPHÈRE


Elle est vieille, presque aussi vieille que la Terre qu'elle enveloppe et protège aussi bien du froid mortel de l'espace que du rayonnement meurtrier du Soleil...

Car si elle nous distribue sans réserve l'oxygène vital, nous oublions trop facilement quels délicats équilibres elle a pour mission de maintenir, permettant à la vie de s'épanouir et triompher depuis bientôt trois milliards d'années.

Elle protège la Terre et elle est née de la Terre !

Mais que faut-il à la vie - en tout cas à celle qui a pris naissance sur notre Terre - pour apparaître et se développer, construire des organismes de plus en plus complexes et aboutir à l'intelligence ?

Trois éléments fondamentaux : le carbone, l'hydrogène, l'oxygène. Il faudra leur adjoindre un peu d'azote, de phosphore, de calcium, de fer ou de magnésium, quelques pincées d'éléments aux fonctions subtiles... et tout pourra commencer !

Restent cependant deux gros, très gros problèmes, qu'il va falloir absolument résoudre pour que la vie ne garde pas une forme tout à fait primitive, confinée dans le milieu marin protecteur, nourricier, mais terriblement contraignant...

C'est d’abord le problème de l'oxygène, indispensable à des organismes terrestres auxquels il assurera la fourniture en énergie, permettant de résister à de larges variations de température et assurant le fonctionnement d'organes complexes . Mais c'est aussi et tout autant le problème du rayonnement ultraviolet intense, déversé à profusion par un jeune Soleil débordant d'énergie !

Car aucune vie organique ne résiste aux dégradations causées par un tel rayonnement et l'atmosphère primitive, transparente à l'ultraviolet, n'aurait absolument pas autorisé l'apparition de la moindre vie terrestre .

Alors ? Eh bien, une fois encore, après beaucoup d'autres, la nature - ou son grand organisateur - va nous montrer qu'elle n'a décidément rien laissé au hasard !

Souvenez-vous : l'oxygène "ordinaire", celui dont l'atmosphère primitive comporte seulement quelques traces, compte deux atomes : c'est la molécule 02 .

Mais il existe aussi une "variété" très particulière d'oxygène dont la molécule compte non plus deux mais trois atomes : c'est aussi un gaz, l'ozone .

Et c'est là que l'affaire devient proprement extraordinaire : comment naît en effet l'ozone ?

Tout simplement, si l'on ose dire, à partir de la molécule d'oxygène frappée par le rayonnement ultraviolet solaire . En effet, sous l’action de ce rayonnement, 3 molécules d'oxygène, comptant donc 6 atomes, donneront 2 molécules d'ozone : le compte est bon.

Ceci se passe en fait à haute altitude (au-dessus de vingt-cinq kilomètres), où l'ozone a donc pu s'installer .

Est-ce tout ? Eh bien non ! Car va venir maintenant l'essentiel : cet ozone, qui vient de naître sous l'impact de l'ultraviolet solaire, est un corps puissamment absorbant de cet ultraviolet solaire, tout spécialement des radiations les plus "dures", mortelles pour tout organisme vivant .

Ainsi la boucle est bouclée, et cette molécule - au demeurant passablement extraordinaire - qu'est l'oxygène apportera tout ce dont la vie avait un besoin impératif pour se développer hors de l'eau . En effet, après que se sera progressivement mis en place l'oxygène indispensable, la "couche" d'ozone, qui ne cessera plus d'être présente, ne laissera filtrer et arriver au sol qu'une quantité très faible d'ultraviolet, dont le monde vivant saura se protéger... et qu'il utilisera le cas échéant pour ses besoins !


S'il est donc un fait essentiel dont nous sommes dorénavant absolument certains, c'est que notre vie - ou notre survie - tient à deux petites choses que nous étions en train d'oublier: une belle molécule colorée, la chlorophylle des plantes, créatrice permanente de l’oxygène indispensable, et une mince couche d'ozone très vieille et très fragile . Or, sans cette couche d’ozone, plus de chlorophylle, sans chlorophylle, plus d'oxygène, sans oxygène, plus de vie. Face à cela, nous ne pouvons RIEN .

Qu'en pensez-vous ?

Ainsi donc, il est absolument certain que, sans ozone, aucune vie n'aurait pu naître et se développer sur notre planète. Eh bien, il faut pourtant rappeler que l'ozone est aussi l'une des substances naturelles les plus totalement impropres à entretenir la vie et qu'elle est au surplus parfaitement capable de l'anéantir ....

Souvenez-vous : une molécule d'ozone, c'est une molécule d'oxygène comportant donc 2 atomes, qui a acquis un troisième atome d'oxygène. Une telle molécule est instable, car elle est créée en absorbant une énergie qu'elle va stocker, telle une mini-bombe ; cette énergie proviendra ici du rayonnement solaire toujours disponible, dans d'autres cas de sources d'énergie électrique naturelle (orages) ou artificielle (générateurs de très hautes tensions, industriels ou autres). En haute atmosphère, cela nous donne la couche protectrice dont je vous ai déjà parlé : l'effet en est alors parfaitement bénéfique, nul doute à cela !

Mais voilà! En basse atmosphère, deux micropolluants au moins sont trop souvent présents : les aérosols d'hydrocarbures mal brûlés par nos chauffages et nos moteurs et les divers oxydes d'azote nés de la haute température des gaz brûlés et rejetés dans l'atmosphère. Sous l'influence du rayonnement solaire et en présence de ces deux polluants, véritables complices, notre oxygène local se transforme en ozone, dont les propriétés biochimiques font l'un des plus dangereux polluants que nous ayons à combattre ou à éviter. Pourquoi cela ?

Parce que l'ozone est un "oxydant" terriblement puissant. En présence de matériaux, inertes ou vivants, capables de fixer l'oxygène (ce dont notre organisme est abondamment garni), l'ozone se décompose immédiatement en une molécule d'oxygène "ordinaire", sans effets particuliers, et un "oxygène naissant" sous forme atomique, capable de brûler littéralement et irrémédiablement tout ce qu'il atteindra. Ce pourront être par exemple les muqueuses de nos voies respiratoires, ou la cornée de nos yeux, dont les défenses naturelles sont hélas totalement impuissantes face à cette agression . Et ceci à des concentrations aussi faibles que 1 molécule d'ozone pour 10 Million de molécules d'air . Or l'atmosphère de nombreux sites urbains ou industriels, ou celle de locaux fermés dans lesquels fonctionne un photocopieur, comportent des taux d'ozone dépassant trop souvent largement cette valeur .


Elément à protéger à tout prix en haute atmosphère, il s'avère donc que l'ozone est l'élément à éliminer à tout prix de l'air que nous respirons ....et que bien sûr nous devons absolument éviter d'y introduire !

N'avons-nous pas là, une fois encore, l'un de ces extraordinaires paradoxes que la nature semble affectionner pour notre bénéfice... et souvent aussi pour notre désarroi ?!



2 - ET DEPUIS TOUJOURS... L'IONISATION


Avant tout, rappelons ce qu'est aujourd'hui notre atmosphère: un mélange de 80 % d'azote (N2), de 19 % d'oxygène (02), de 1 % environ d'argon et autres gaz rares, de vapeur d'eau et de la multitude de produits indésirables que nous ne cessons d'y déverser! N'oublions évidemment pas le gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2), sans cesse rejeté par les volcans mais aussi résidu des combustions, dont le rôle régulateur de la température de notre globe est un sujet brûlant . Voici pour les acteurs .

Chacun d'eux a, si j'ose dire, son caractère, ses manies. Ainsi, l'oxygène est extrêmement friand d'électrons ; vous aurez donc beaucoup de peine à trouver un électron solitaire musardant dans la campagne . Sitôt apparu, sitôt dévoré par une molécule d'oxygène qui devient ainsi le "célèbre" ion négatif que nous écrirons dorénavant (n'oubliez pas, les physiciens sont économes ) : (02-) . Or cet ion est très stable et a une longue "durée de vie" : ses effets possibles en sont évidemment augmentés d'autant. Ajoutons qu'il s'associe volontiers à plusieurs molécules d'eau, que l'air ambiant contient toujours peu ou prou, donnant ainsi un "petit ion" très mobile, très sensible à la présence de charges électriques étrangères, en particulier positives .

A l'inverse, l'azote n'est pas friand d'électrons. Si d'aventure vous parvenez à lui en accrocher un, il s'en débarrasse en moins d'un millionième de seconde ! Bien sûr, frappée par un rayonnement, la molécule d'azote de l'air perd un électron et donne un ion positif (N2+) . Bien que plus courte que celle de l'ion (02-), la "durée de vie" de l'ion (N2+) est suffisante pour lui permettre d'exercer son influence sur les autres composants de l'atmosphère. Bien décidée à retrouver sa neutralité un instant compromise, notre molécule (N2+) va, profitant de la présence de diverses molécules indésirables (composés sulfurés, oxydes d'azote, etc.), prélever un électron sur un innocent atome d'hydrogène impliqué bien malgré lui dans cette affaire. Son larcin accompli, notre molécule d'azote redevenue neutre... et anonyme attendra sagement le prochain impact, tandis que l'hydrogène, devenu proton positif, se hâtera de cacher sa nudité... dans l'eau ! Il y parviendra en s'entourant d'un certain nombre de molécules d'eau toujours présentes, donnant ainsi un "petit ion" positif à longue durée de vie... sauf capture par les micropolluants ou par le sol. Pas simple, cette genèse d'ions positifs ! Certes, mais grâce à la présence dans l'air de quatre molécules d'azote pour une molécule d'oxygène, quatre chances de disposer d'un électron facile à obtenir, aussitôt capturé par un oxygène parfaitement avare des siens et pensant uniquement à devenir un ion négatif !

Cela dure depuis plus de trois milliards d'années, et la naissance et le développement de la vie sur terre a évidemment intégré ce facteur tout à fait fondamental.

Bien ! Nous avons donc un air contenant une certaine proportion, très stable au demeurant, d'ions oxygène avec les caractéristiques qui lui sont propres.

Mais nous avons aussi "sur les bras" des ions positifs “aqueux" (H+) dont nous aimerions savoir quoi faire! Patience ! La nature a pris soin du problème, en vue de préserver les ions oxygène, pour lesquels elle avait des projets lointains mais précis .

Revenons un instant sur la structure de notre atmosphère .

Le tableau N° IX schématise la situation créée par les charges positives venant du Soleil et par les orages, et les conséquences qu'elle comporte : le sol attirera invinciblement les charges positives du voisinage et repoussera les charges négatives.


Un état d'équilibre local s'installera alors ; en l'absence de sources annexes d'électrons, "petits ions" positifs et négatifs seront en nombres à peu près égaux, avec une légère prédominance des ions positifs à proximité du sol, nombres voisins du millier par cm3 d'air, valeur extrêmement stable en milieux naturels non pollués. En présence de sources "annexes" d'électrons (que nous verrons sous peu), c'est la prédominance d'une ionisation négative de l'air que l'on observe alors, avec un certain nombre de conséquences dont nous reparlerons également.

Mais que l'on ne s'y trompe pas : de tels mécanismes ne fonctionnent de façon régulière, harmonieuse, que si l'air demeure pur de toute souillure, accidentelle ou délibérée, et en l'absence de fortes perturbations. Est-il alors surprenant que le comportement et l'état des êtres vivants soient soumis aux mêmes règles ?

Une question vous est certainement venue à l'esprit depuis déjà un moment : ces ions d'oxygène et d'azote dont la réalité n'est évidemment pas contestable, d'où viennent ils donc, qui les a créés ?


Si vous regardez le tableau N° X, vous verrez rassemblées les causes naturelles de l'ionisation de l'air, que l'on peut grouper en deux catégories.

1 - Les causes mettant en oeuvre un rayonnement ou des particules très énergétiques : rayons cosmiques, U.V. solaire, radioactivité naturelle des roches, radon contenu dans l'air. Dans tous ces cas, un électron sera arraché par le "choc" de la particule incidente ou par "l'impact" du rayonnement, donnant bien entendu naissance à une “paire d'ions” : ce seront le plus souvent un ion positif azote et un électron violemment expulsé, mais qui sera très vite acquis par une molécule d'oxygène devenant ainsi un ion négatif (02-) . Le nombre de paires d'ions ainsi créées varie, au niveau de la mer, de deux à quelques dizaines produites par seconde et par millilitre (ou cm3) d'air.

2 - Les autres causes naturelles, qui opèrent à des énergies beaucoup plus faibles, mais dont la contribution est cependant essentielle, quoique variable avec le lieu, sont :

- La fonction chlorophyllienne de tous les végétaux qui aboutit en particulier au rejet de (02-) dans l'atmosphère.

- L'effet Lenard, concernant la pluie et les cascades. Le frottement de l'air sur les gouttes d'eau, l'impact de celles-ci sur le sol ou les rochers, arrachent des électrons à ces gouttes ; leur charge positive est aussitôt capturée par le sol tandis que les électrons sont bien entendu immédiatement piégés par l'oxygène .

- L'effet de pointe ou effet Corona : la haute atmosphère chargée positivement attire sans cesse les électrons, ceux du sol en particulier. Tout objet fixé au sol et conducteur du courant, s'élevant et se terminant en pointe (paratonnerre, feuilles des graminées et de tous les conifères, etc.) verra les électrons venus du sol s'accumuler au sommet de la pointe et, sous l'influence de leur répulsion mutuelle, être arrachés à cette pointe et gagner l'atmosphère pour y être aussitôt capturés par l'oxygène (voir le tableau N° XI).




Bien, très bien, vous dites-vous ! Mais à force d'enlever des électrons au sol et de lui expédier sans arrêt des charges positives, comment peut-il lui rester encore un seul électron valide ?

Eh bien, pour une fois, la nature n'a pas lésiné sur les moyens et nous offre le grand spectacle : c'est à l'orage qu'elle a confié le soin de restituer "en gros" et très vite ce qu'elle prend au sol doucement et "en détail" .

Le tableau N° XII est un schéma très simplifié mais fidèle de ce superbe et bruyant phénomène. Et la merveille est qu'une fois encore, la grande responsable de ce phénomène sera l'eau !


L'eau en gouttes liquides à la partie inférieure du gigantesque nuage (le "cumulonimbus" typique), les cristaux de glace à la partie supérieure.

Agitant tout cela, de formidables courants d'air ascendants, dont toutes les mesures faites par les appareils embarqués à bord d'avions à l'épreuve des rafales montrent que les cristaux de glace du sommet du nuage ont une énorme charge positive, tandis que les gouttes ou gouttelettes de la base portent une non moins énorme charge négative.

Que peut-il alors arriver ? Juste ce que vous attendez. Arrachés par les forces électriques monstrueuses, des paquets d'électrons sont précipités vers les parties positives du nuage ; la brutalité de leur passage échauffe violemment l'air qui en devient lumineux : c'est l'éclair; l'ébranlement de l'air au passage des "paquets" d'électrons engendre ce qui bien à tort suscite le plus de crainte : le tonnerre .

Et la foudre ?

Eh bien, c'est la même chose, à ceci près que les “paquets" d'électrons rejoignent le sol, à grand fracas, lui restituant ainsi coup par coup les précieux électrons qu'il pourra à nouveau et sans cesse redistribuer dans l'atmosphère (en fait, 90 % des coups de foudre sont "à électrons").

Notre Terre étant sujette quotidiennement à plusieurs milliers d'orages, elle n'a jamais risqué, et ne risque pas davantage, de manquer d'électrons !...

A cette "recharge" de la Terre - en fait, de sa surface essentiellement - s'ajoute une forte injection d'électrons dans la basse atmosphère, sous l'effet des pluies abondantes qui accompagnent en particulier la fin des orages : cette circonstance permet de restaurer rapidement et intensément la densité négative normale de l'air, que la phase initiale de l'orage avait brutalement inversée. Nous verrons d'ailleurs à quel point ces phases successives retentissent sur l'état physiologique de certains individus particulièrement sensibles et recoupent les observations faites dans des atmosphères artificiellement chargées, soit positivement, soit négativement.


3 IONISATION ET MICROPOLLUTION


Il fut longtemps difficile - sinon impossible - de mesurer avec précision aussi bien le taux d'ionisation de l'air que la nature et la quantité de micropolluants présents.

Difficile à mesurer, la charge atmosphérique l'est assurément : elle est toujours faible, très facilement perturbée en particulier par l'appareillage de mesure si d'extrêmes précautions ne sont pas prises - et elle exige à la fois des matériels délicats à utiliser, de rares opérateurs ayant une longue expérience, une interprétation prudente .

Ceci explique très probablement les divergences assez extraordinaires entre les résultats obtenus par les nombreux biologistes ayant tenté des expériences en milieux artificiellement ionisés, mais ne possédant pas la maîtrise indispensable des moyens physiques à mettre en œuvre .

Il est heureusement moins malaisé d'opérer en atmosphère extérieure et les résultats obtenus sont d'une très bonne fidélité. En particulier, on remarque très vite que l'ionisation caractérise très nettement certains sites et permet d'ailleurs d'observer de très intéressantes corrélations avec leur salubrité... ou au contraire certains inconvénients dûment reconnus .

En campagne isolée, en basse altitude, la densité moyenne négative est de 1 à 1,5 millier d'ions (02-) par cm3 d'air, valeur également courante en forêt de plaine aérée, où elle peut cependant atteindre 3 à 5 milliers par cm3, la nature du sol jouant également un rôle à ce niveau.

En moyenne montagne (1000 à 1500 mètres d'altitude), en zones porteuses de conifères (sapins en particulier), la densité négative est très souvent élevée : de 5 à 8 milliers d'ions négatifs par cm3, et peut atteindre les 10 milliers .

En présence de cascades où l’arrachement d'électrons entraîne l'existence de très fortes densités locales : de 10 à 50 milliers d'ions (02-) par cm3 dans un périmètre de plusieurs dizaines à une centaine de mètres, suivant l'importance de la cascade.

Des densités élevées, de 5 à 10 milliers par cm3, sont également relevées sur la neige, par ciel clair en particulier .

En bord de mer, par temps calme et en l'absence d'embruns, on relève de 2 à 4 milliers d'ions négatifs par cm3 .

En revanche, le vent de mer apportant des embruns provoque en général une brutale inversion de charge électrique ; la micro goutte d'eau salée entraînée par le vent s'évapore, laissant un grain de sel chargé positivement (frottements sur l'air), assez léger pour rester en suspension dans l'air et s'y accumuler, entraînant ainsi l'inversion de charge de l'atmosphère locale, et ses conséquences chez certains malades .


Arrêtons-nous un instant pour rappeler un fait d'observation aussi fondamental que systématique. En tous lieux où règne cette atmosphère à forte densité en "petits ions", le plus souvent à prépondérance négative, la micropollution de l'air est toujours faible, voire même extrêmement faible : de moins de 1000 particules par litre à environ 2000, suivant les sites, le sol, le vent. C'est là une valeur intéressante, à comparer avec la micropollution mesurée dans nos bureaux ou nos habitations, où elle est de 100 à 500 fois supérieure...

Cette étonnante relation entre une densité négative qu'il faut bien qualifier de strictement normale et la faiblesse de la micropollution est un fait physique tout à fait certain, mais lourd de conséquences . Il caractérise, sans aucune exception, les lieux que l'expérience séculaire a reconnus sains, salubres, voire capables de restaurer notre santé défaillante à l'occasion de ces trop brefs séjours que sont les "cures"...

Ajoutons à cela que les micropolluants rencontrés sur ces lieux sont en quasi-totalité d'origine naturelle et que, de ce fait, les organismes vivants qui les ingèrent ont développé de très longue date les défenses immunitaires nécessaires .

Franchissons maintenant ce "seuil de salubrité" figuré sur le tableau N° XIII et entrons dans un monde bien différent, peu attrayant, mais qui est de plus en plus celui dans lequel nous vivons.



Nous y observons la chute brutale de la densité de petits ions négatifs ; de quelques centaines d'ions par cm3 d'air extérieur en sites urbains "légers" et dépourvus de sources de pollution industrielle, cette densité tombe à quelques dizaines par cm3 en appartements ou bureaux non climatisés et sans fumeurs, pour s'effondrer à quelques ions négatifs par cm3, valeur résiduelle extrêmement faible, dans les locaux climatisés.

Grave en elle-même, en particulier pour les échanges gazeux pulmonaires où (02-) joue un rôle essentiel, cette pénurie d'ions négatifs est sévèrement aggravée par la présence d'une charge positive en général considérable, systématiquement liée à la présence d'une forte densité de micropolluants. ,

On observe en effet que les densités positives relevées dans les lieux ainsi affectés sont toujours supérieures à 1 millier de charges positives par cm3 d'air et atteignent 5 milliers par cm3 dans certains locaux pourvus de climatisation ou ventilation.


De telles valeurs sont extrêmement préoccupantes et débouchent d'ailleurs pour les personnes concernées sur de multiples malaises ou troubles sur lesquels il devient de plus en plus difficile de maintenir le silence ou la dénégation .

Nous y reviendrons. Mais nous devons auparavant bien marquer cette étape dans notre progression, car elle traduit à la fois un fait physique tout à fait fondamental pour notre atmosphère et une situation extrêmement préoccupante pour l'avenir de notre santé. Les deux propositions qui suivent résument alors de manière brutale mais indiscutable les faits expérimentaux actuellement connus avec certitude et systématiquement vérifiés .


- Une atmosphère salubre possède toujours une faible ou très faible micropollution, jointe à la seule présence de petits ions des deux signes, dont une charge négative supérieure à 1,5 millier d'ions négatifs par cm3 d'air, présentant de surcroît des propriétés quasi thérapeutiques pour des densités supérieures à 5 milliers d'ions négatifs par cm3 .

- Une atmosphère reconnue insalubre présente toujours une forte à très forte micropollution, jointe à une quasi-absence de petits ions en particulier négatifs, et à une charge positive nette supérieure à 500 gros ions positifs par cm3 d'air, généralement comprise entre 1 et 5 milliers d'ions positifs par cm3 .


Il nous faut maintenant comprendre l'origine d'une telle situation si nous voulons nous donner les moyens d'y apporter remède. Pour cela, revenons un instant sur le comportement des micro-polluants et leurs relations avec les charges électriques, dans les lieux clos.


Le tableau N° XIV résume les deux mécanismes essentiels par lesquels une particule présente dans l'air a toutes les chances d'acquérir une charge positive de préférence à une charge négative. Nous nous occuperons ici des micro-polluants présents dans un local habité ou fréquenté, puisque c'est là qu'ils s'accumuleront et que nous aurons à souffrir de leurs effets.


De la même manière qu'en atmosphère libre, les rayonnements divers, le radon, l'abrasion causée par la ventilation, vont arracher un ou plusieurs électrons aux micro particules présentes : celles-ci vont donc acquérir la charge positive équivalente, devenant ce que le physicien Paul Langevin avait appelé "gros ions positifs". Malheureusement, ces gros ions sont très peu mobiles, en tout cas pas davantage que la particule qui les supporte, tandis que les électrons et l'oxygène que les transporte sont très légers, très mobiles, aisément capturés par les objets environnants qui les éliminent.

Ainsi s'établit rapidement une sur densité de charges positives, liée aux micro polluants présents, et comme eux capable de subsister très, très longtemps, et de se renouveler .

Le deuxième moyen pour une micro particule de devenir un gros ion positif, c'est... de capturer un petit ion positif créé suivant les processus décrits plus haut. C'est un mécanisme qui surviendra en particulier au voisinage des écrans vidéo informatiques, des téléviseurs couleur, des photocopieurs, sources puissantes d'U.V. et d'ozone de surcroît !

La charge positive ainsi acquise par les micro polluants présents est en général faible ou modérée ; toutefois, par répulsion électrique entre charges identiques, elle freine énergiquement tout mécanisme d'agglomération des particules entre elles et toute chance de chute vers un sol dont nous allons voir qu'il n'est d'ailleurs guère "accueillant" ! Un tel effet est particulièrement néfaste dans le cas des aérosols (micro gouttes liquides) polluants ou toxiques : hydrocarbures, brouillards acides, etc., qui auront donc tendance à stagner très longtemps faute de pouvoir se condenser en gouttes assez lourdes pour regagner le sol.


Et maintenant, voyons ce qui se passe en permanence dans nos appartements, nos bureaux, nos lieux d'habitation où précisément et malheureusement sont toujours simultanément présentes une forte micro-pollution et une forte charge positive.

Le tableau N° XV s'efforce de schématiser cette situation ; précisons que l'absence de téléviseur ou de climatisation diminue certes la charge positive, mais que celle-ci conserve hélas une valeur tout à fait inacceptable dans tous les cas.


Le sol est presque toujours isolant. Parcouru, foulé, frotté, il va fatalement perdre des électrons, emportés et écoulés par les divers conducteurs présents : conduites d'eau et d'électricité, radiateurs de chauffage central, et vous qui, en toute innocence, allez les déverser dans des lieux plus accueillants !

Bref, très rapidement, une surcharge, qui peut être importante et de signe positif, va apparaître et demeurer stable . N'oubliez jamais en effet que si l'électron peut aller, venir, avec une extrême facilité, les charges positives, liées aux noyaux des atomes de matière, sont littéralement rivées à celle-ci et ne peuvent quasiment jamais s'en évader !

Alors ne soyez pas étonné si la charge nette qui s'installe très rapidement dans un local est de signe positif !

Et si, en vue d'accroître votre confort, vous disposez d'un système de climatisation ou ventilation, les micro polluants violemment "turbinés" auront perdu leurs électrons, piégés par les structures conductrices environnantes, et vous alimenteront généreusement en charges positives dont ils seront l'innocent véhicule...

Ajoutez à cela une moquette épaisse et moelleuse à souhait, un canapé profond fait d'un superbe tissu synthétique, allumez votre téléviseur couleur et peut-être aussi une cigarette.....


Bon, j'arrête là, car ma sonde électronique risque d'exploser si, saisi de curiosité et peut-être aussi d'une vague crainte, vous m'avez prié de faire quelques mesures .... oh juste pour voir !

Il me faut cependant apporter ici une précision supplémentaire. Lorsque je cite les "micropolluants", je parle bien entendu de l'ensemble des particules présentes dans une atmosphère ; or ces particules comportent, en nombre variable avec le lieu et les circonstances, des éléments vivants, virus, bactéries, moisissures, etc., dont un certain nombre, baptisés "aérocontaminants", sont réellement dangereux, soit qu'ils causent des infections graves, soit qu'ils déclenchent des allergies sévères .

Or nous savons que ces aérocontaminants chargés positivement, comme n'importe quelle autre particule, suivent le sort et le devenir de celles-ci, qui d'ailleurs constituent un support et un véhicule idéal pour leur dissémination !

Il n'est donc guère étonnant qu'un nombre croissant d'organismes sociaux, d'entreprises et bien entendu tous les milieux de Santé se préoccupent de plus en plus d'un problème dont ils subissent l'impact et les conséquences, sans disposer pour autant de solution . Il me parait en fait beaucoup plus étonnant qu'il ait fallu aussi longtemps pour que commence enfin à être évoquée une situation que trop de personnes ne cessent de connaître et de subir de longue date .

Je ne voudrais pas terminer ce chapitre sans revenir sur des phénomènes naturels où micropolluants et charges électriques, intimement liés, ont des effets parfois très importants, souvent connus depuis fort longtemps, sur la santé de populations intéressées .

Il s'agit en particulier des effets observés à l'occasion de l'arrivée de vents typiques de certaines régions :

le fœhn sur toutes les Alpes du Sud,

l'autan sur les Pyrénées,

le sharav, venu du désert du Sinaï, en Israël, le khamsin en Egypte.

Ce ne sont évidemment pas les seuls, mais outre qu'ils nous sont familiers, ils sont causes de phénomènes physiologiques, troubles variés parfois graves, qui sont à ce jour parfaitement répertoriés par le corps médical et objets d'études très suivies de la part de nombreux instituts de recherches, situés autour du bassin méditerranéen en particulier.

Le fœhn alpin, comme sa version pyrénéenne l'autan, prend naissance dans les parties désertiques du nord de l'Afrique, jusqu'aux confins du Sahel. L'échauffement intense du sol en période diurne, le degré hygrométrique très faible de l'air, facilitent d'immenses mouvements ascensionnels de cet air, la formation de très fortes turbulences et l'entraînement d'énormes quantités de micro-poussières jusqu'à 10 ou 15 km d'altitude.

La présence d'un anticyclone important sur la Méditerranée orientale, joint à des basses pressions sur le proche Atlantique, entraînent la remontée de puissantes masses d'air africain, surchargées en altitude des micro-poussières collectées sur le continent .

Franchissant la Méditerranée, elles atteignent les Pyrénées à l'ouest, les Alpes suisses et tyroliennes à l'est, et donnent en particulier des ciels extraordinairement lumineux. La vision des Alpes suisses ou tyroliennes enneigées lorsque le fœhn survient est un spectacle d'une rare beauté que connaissent et apprécient les montagnards... et ceux qui aiment une certaine lumière .

Cette illumination du ciel est due évidemment à l'intense diffusion de la lumière solaire par les innombrables microparticules présentes dans la haute atmosphère .

Et c'est sans surprise que, de 24 à 48 heures plus tard, on voit survenir la pluie, mais une pluie bien particulière, surchargée de ces microparticules et laissant, lorsqu'elle s'évapore, une fine couche poudreuse de couleur ocre sur toutes choses...

C'est là l'aspect esthétique, presque poétique des choses ! Mais si l'on y regarde de plus près ou si l'on a la responsabilité d'un centre de cure de malades pulmonaires par exemple, on sait très vite ce que représente l'arrivée d'un "coup de fœhn"...

Les mesures électriques montrent en effet que, 24 à 36 heures avant l'établissement du fœhn, la densité de charges de l'atmosphère s'inverse presque brutalement avant l'arrivée des micro particules ; redescendant de la stratosphère où il a évidemment acquis une forte charge positive, l'air la restitue à la basse atmosphère, détruisant du même coup les charges négatives habituellement présentes.

Cette situation dure en général deux jours, après quoi survient la pluie qui remet toutes choses en ordre et permet à la basse atmosphère de retrouver sa charge négative habituelle .

Les problèmes posés aux malades cardio-pulmonaires et à leurs médecins en de telles occasions sont trop connus pour que j'insiste sur eux. Rappelons seulement que de nombreux centres de cures en France, en Suisse, en Autriche, en Israël, pour ne citer que ceux-ci, ont depuis plusieurs dizaines d'années collecté les résultats d'observations régulières, d'où il ressort qu'une augmentation considérable du nombre des accidents cardio-vasculaires et pulmonaires résulte quasi systématiquement de l'arrivée du fœhn (ou du sharav en Israël) .

Il importe toutefois de noter que ces accidents surviennent essentiellement avant l'établissement du vent caractéristique et l'arrivée des micro-poussières, apportées surtout par la pluie qui fait suite, semblant ainsi exclure ou au moins réduire très fortement l'action propre de ces micro-poussières sur le comportement des malades.

Il est donc fort vraisemblable qu'ici encore, comme en bien d'autres circonstances, le rôle de la charge positive sur les échanges gazeux d'un poumon malade doive être sérieusement réexaminé en vue d'une intervention opportune .


De tels exemples - joints à beaucoup d'autres - doivent assurément être longuement médités.....

En particulier par tous ceux, nombreux, présumés compétents et souvent "responsables", qui persistent contre toute évidence à penser mais surtout à prétendre que ces phénomènes relèvent en quelque sorte du folklore de la physique .

Par ceux qui, résignés et parfois découragés par les premiers, pensent que nous sommes désarmés face à une sorte de fatalité. Par ceux enfin qui, exactement informés des données du problème, sinon de ses solutions possibles, négligent ou refusent, pour des raisons "diverses", l'étude et la moindre mise en oeuvre de telles solutions .

Mais tandis que le temps se perd, le mal progresse ! Je terminerai ce propos par le rappel d'un bref communiqué du Ministère français de la Santé, diffusé sur une chaîne de télévision au mois d'avril 1990, qui n'a hélas rien perdu de son actualité :

"Les services du Ministère et les milieux médicaux sont très préoccupés de la croissance régulière, très importante au cours de ce dernier hiver, pourtant particulièrement doux, des troubles rhinopharyngés des jeunes enfants, troubles souvent accompagnés de complications pulmonaires."

Ce constat préoccupant n’a plus cessé d’être confirmé, sans que pour autant soient adoptés autre chose que....des projets de résolutions !...


... Combien de temps encore "la planète bleue" pourra-t-elle nous accueillir ?




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